Et si les systèmes intelligents domestiques permettaient, en plus du confort, de concevoir des logements équitables, d’économiser rapidement 2 millions de tonnes de CO2 par an ? C’est possible avec l’individualisation des frais de chauffage dans le collectif. Adoptons rapidement une démarche domo éthique.
Il existe environ 5 millions de logements en France chauffés collectivement. Si on dispose sur chaque radiateur un dispositif permettant d’évaluer le chauffage prodigué, les charges de chauffage seront facturés en fonction des consommations de chacun. Et chacun paiera alors en fonction des calories qu’il consomme. De nombreuses sociétés de services assurent déjà ce service auprès de copropriétés ou de gérants d’immeubles. Il suffit de s’adresser au Syndicat de la Mesure pour en prendre connaissance. Celui-ci vient d’ailleurs de rendre publique une étude de l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME), conduite par le COSTIC, indiquant que la pose de ces répartiteurs pouvait engendrer une économie de consommation d’énergie de 10 à 20% selon les cas. Si on équipait l’ensemble du parc concerné en France on économiserait 2 millions de tonnes de CO2 par an. Ces dispositifs sont prescrits par des textes réglementaires depuis 1974 mais seulement 10% des appartements disposant de chauffage collectif sont équipés de compteurs individuels. ! Un système domotique permettrait facilement d’individualiser ses frais de chauffage. Certains de nos voisins , comme l’Allemagne sont en avance dans ce domaine. Avec son projet  européen de rénovation énergétique des bâtiments baptisé SOLANOVA * qui consiste à rénover des immeubles d’habitation dans l’Europe de l’Est. Dans le cadre de ce projet, un immeuble hongrois construit a époque soviétique à partir éléments préfabriqués (“Plattenbau”) a été transformé en habitation à très faible consommation énergétique. Avant rénovation, cet immeuble de 8 étages consommait chaque année près de 22 litres de fuel par  mètre carré. Une rénovation énergétique intensive a permis de faire descendre cette consommation annuelle à la valeur exceptionnelle de 2 litres de fuel par mètres carrés, soit une diminution de 90%. L’isolation des toits, façades et vitrage a été renforcée. Les installations de chauffage ont été intégralement remplacées. Un nouveau système de ventilation a été mis en place et des installations solaires ont été intégrées aux bâtiments. Le coût de ces mesures ?  240 euros par mètre carré et la durée de vie du bâtiment rénové dépasse la trentaine d’années.
Encore plus fort avec la politique énergétique de la ville britannique de Milton Keynes qui réduit sa consommation d’énergie de 40% en utilisant la technologie d’Echelon (voir rubrique «  En direct » page 9) ou la ville d’Oslo en Norvège qui utilise cette technologie pour réduire sa consommation d’énergie de 62%.
La Domo-éthique risque bien d’être un cheval de bataille performant pour imposer la domotique.
Bruno de Latour
* a obtenu le “Energy Globe Award”, distinction qui fait office d'”Oscar du développement durable”.
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