Le 14 janvier 1988, à l’occasion du premier congrès Domotique 88 paraissait en France la première publication consacrée à un marché inexistant : le bâtiment intelligent. Aujourd’hui Domotique News entame sa vingtième année d’édition. Que seront  nos vingt prochaines années ?…
Imaginons nos vingt prochaines années. D’ici 2030, on ne parlera plus depuis bien longtemps de bâtiment intelligent (ils le seront naturellement) et ils s’adapteront automatiquement à leurs utilisateurs. Les capteurs intelligents, pièces maîtresses omniprésentes, analyseront les comportements, les habitudes des utilisateurs et adapteront l’environnement (traitement de l’air, chauffage, sécurité, luminosité..). Les chaudières et autres convecteurs auront disparus des logements et des bureaux. En 2030, l’enveloppe du bâtiment dégagera les besoins calorifiques nécessaires, et la réversibilité sera omniprésente. La gestion électrique des équipements (appareils ménagers par exemple) sera intelligente et optimisera les besoins en énergie de chaque appareil en « appelant » la puissance nécessaire et délestant si besoin. On cherchera de nouveaux moyens d’accumuler de plus en plus d’information et d’énergie dans des volumes de plus en plus réduits. Il deviendra nécessaire de stocker l’énergie et les informations sur des entités nanométriques. La pile à hydrogène connaîtra son heure de gloire. Certains consommateurs parviendront même à produire leur énergie.
Dans l’édition de Domotique News de Janvier 2026, 40° année de parution, nous détaillerons les nouveaux progrès techniques qui améliorent l’efficacité écologique des matériaux dans le bâtiment, mais aussi l’aérodynamique et les structures, les moteurs et les systèmes intelligents encore appelés domotique (les détracteurs auront disparus !). Des technologies qui modifieront radicalement la façon dont sont produits les objets existants. Ces technologies permettront de consommer beaucoup moins d’énergie, de mieux gérer l’eau potable, les déchets urbains. Dans le domaine de l’éclairage, en 2030, l’incandescence aura disparu (Philips vient d’ailleurs de l’annoncer), les LED seront omniprésents. Dans le domaine du divertissement, les écrans seront non seulement présents dans chaque pièce (écran miniature pour contrôler l’environnement) mais de nombreux logements connectés seront dotés de « murs d’images » utilisés pour s’informer ou lire. Les services seront devenus les seuls arguments de ventes des produits (la plupart seront nomades). Comme le souligne Jacques Attali dans « une brève d’histoire d’avenir »(1) les compagnies d’assurance régneront en maître  car « elles vont gérer la maladie, le chômage, le décès, le vol, l’incendie, l’insécurité) et devront donc vérifier que leur client se conforme bien aux normes pour minimiser les risques qu’elles auront à couvrir ». Et le prospectiviste d’insister sur l’importance de la « surveillance, devenu maître pot des temps à venir. « Le jour viendra d’une hypersurveillance », écrit-il « les technologies permettront de tout savoir des origines des produits et du mouvement des hommes.. ».Dans les bureaux et logements, des capteurs et caméras miniatures enregistreront, surveilleront l’activité de chacun. Déjà en 2007, le téléphone et les objets nomades sont les premiers «  à nous surveiller » en repérant notre situation pour mieux nous guider. Demain ce sera pour mieux surveiller notre santé, ou le fonctionnement du produit. La technologie se déplacera du bâtiment à l’homme lui-même, devenu centre d’un écosystème d’information et de contrôle. « Des ordinateurs intégrés aux vêtements par des nanofibres miniaturiseront ces autosurveilleurs du corps.. » annonce jacques Attali vers 2050.
Bruno de Latour
(1)Editions Fayard
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