Sauf à visiter les salons à la pointe de l’innovation, ou les centres de R&D, on s’imagine difficilement le rythme de plus en plus rapide des innovations, en particulier dans le domaine des énergies.
C’est à l’occasion de sa conférence internationale à Perpignan, que nous avons appris à mieux connaître le pôle de compétitivité d’Occitanie, DERBI. Celui-ci a pour mission de développer l’innovation, lab recherche, la formation et le transfert de technologie afin de favoriser la création et le développement d’entreprises dans le domaine des énergies renouvelables appliquées au bâtiment et à l’industrie. Les domaines d’excellence de DERBI : l’efficacité énergétique dans le bâtiment, en particulier lié au climat méditerranéen, et dans l’industrie – la gestion des réseaux et le stockage d’énergie – la production d’énergie hors bâtiments (électricité, hydrogène, biocarburants…), d’origine solaire (photovoltaïque, solaire thermodynamique à concentration…) éolienne ou biomasse. Au centre des débats : « Le numérique au service de la transition énergétique, l’autoconsommation et l’efficacité énergétique ». Une thématique qui devrait plus largement préoccuper les acteurs de la domotique. Il s’agit en effet d’un courant plus que porteur… Aider le consommateur à prendre le contrôle de sa consommation d’énergie, c’est entrer au coeur de son habitation et connaître ses habitudes. D’où le succès commercial du thermostat intelligent de Nest ou celui du Hollandais Eneco qui en aurait vendu plus de 250.000 exemplaires. Les fournisseurs d’énergie sont les acteurs les plus légitimes pour développer des offres numériques connectées au consommateur. ENGIE, par exemple, croit en la puissance de ces innovations énergétiques, puisqu’un investissement de 1,5 milliard d’euros sera réalisé dans l’innovation sur trois ans. Installer un système de production d’énergie solaire avec des panneaux photovoltaïques
sur le toit accompagnés de fils photovoltaïques organiques (OPV) sur les fenêtres apparaît aujourd’hui comme une solution intelligente pour décarboner la consommation d’énergie des bâtiments. En Allemagne, la start-up Heliatek produit avec succès ces films légers et flexibles destinés aux façades des bâtiments pour générer de l’énergie solaire. En Allemagne, l’énergéticien RWE a convaincu quelque 200.000 ménages à s’équiper. Des centaines de milliers d’Anglais ont installé une box énergétique dans leur domicile, sous la pression de leur fournisseur, Centrica. Avec les compteurs Gazpar, pour le gaz, et Linky pour l’électricité, les Français vont-ils également se laisser convaincre ? Rien n’est moins sûr, car les offres de services associés ne sont pas encore probantes. Sauf précisément dans une approche « Smart Energies » qui conduirait des habitants vers une production d’électricité grâce à leurs panneaux solaires. Un système de comptage de la consommation énergétique rendu obligatoire ne pourrait que faire décoller rapidement le secteur.
Bruno de Latour