ECONOMIE D’ENERGIE DOMESTIQUE

A quoi sert de mettre au point d’ingénieux systèmes de contrôle et gestion de l’énergie, si l’utilisateur ne modifie pas son comportement ? La psychologie sociale va devoir accompagner de nouvelles incitations comportementales . Plusieurs expériences étrangères montrent que ces incitations doivent être transparentes vis-à-vis des consommateurs, mais aussi qu’il est souvent nécessaire d’impliquer les collectivités locales. Là encore les expérimentations sont très précieuses à la fois pour valider les systèmes, vérifier la facilité d’installation mais aussi le comportement des utilisateurs. La note du Credoc nous indique même
que « dans le cas de l’amélioration de l’efficacité d’un système de chauffage, on enregistre un décalage moyen d’environ 30 % entre les économies prévues et celles qui sont effectivement réalisées. Les pics saisonniers de demande d’électricité ont augmenté en moyenne de plus de 15 % de 2001 à 2011 ». Les techniciens peuvent à juste titre se sentir trahis ! Les comportements de consommation minent en effet les économies d’énergie qu’apporte l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et des appareils. C’est ce que l’on appelle «l’effet rebond», celui qui annule les progrès qu’apporte la technique. Que faire ? Le gouvernement souhaite « mettre aux meilleures normes énergétiques 1 million de logements neufs et anciens par an à terme ». Conscient que l’énergie consommée au sein du foyer représente en France le tiers de la consommation énergétique finale. Reste à développer le bon réflexe « vert » chez le consommateur final. Et là, les mesures préconisées font preuve d’une sécheresse inventive : concours organisé avec les collectivités locales , diffusion d’information auprès des propriétaires de logements anciens qui ont déjà réalisé des travaux thermiques ( à priori ils savent ce qu’ils ont déjà entrepris!) et diffusion chez les occupants de logements neufs ( s’ils ne sont pas propriétaires il y a peu de chance qu’ils se lancent…). Il faut donc passer à «l’efficacité énergétique active», ou le consommateur améliore son pilotage énergétique. Elle vient d’être mise en lumière par le programme HOMES(1) qui vient de s’achever. Un programme particulièrement instructif dans ce domaine et qui propose une nouvelle vision de l’énergie. « l ‘énergie est un moyen pour produire des services aux personnes », a lancé le président de Schneider Electric la semaine dernière devant la Ministre interloquée. Les solutions d’efficacité énergétique active, indique-t- on dans les conclusions du programme, permettent d’économiser entre 20 et 60 % de la facture globale d’un site, avec un retour sur investissement entre 3 et 7 ans dans le tertiaire, entre 5 et 15 ans dans le résidentiel. Ce n’est pas rien ! Appliquées aux 230 millions de bâtiments européens, ces solutions entraîneraient une réduction jusqu’à 40% du poste de consommation des bâtiments soit 16% de la facture énergétique globale. Sans compter que l’on pourrait créer 600.000 emplois directs en Europe sur 30 ans. Souhaitons que ces conclusions ne restent pas lettre morte et que les acteurs se décident à créer une filière économique de l’efficacité énergétique active. Une importante dynamique pour la domotique qui va devoir répondre à ce besoin essentiel de piloter finement les locaux du bâtiment.
Bruno de latour
(1)HOMES , programme européen de quatre ans ( 2008-2012) regroupe treize partenaires industriels et acteurs de la recherche : CEA, CIAT, Cstb, Delta Dore, EDF, Institut national polytechnique de Grenoble, Philips Lighting, Radiall, Schneider Electric, Somfy, ST Microelectronics,